INSEPARABLE A TETE GRISE

ELEVAGE ET REPRODUCTION

Cet article, certainement celui qui intéressera le plus le lecteur, sera appelé à être modifié, enrichi, critiqué…

 

La reproduction réussie d'un animal en captivité (ou d'une plante, je pense ici à certaines orchidées pas trop disposées à "obéir" spontanément aux desideratas de l'homme) sera bien la cerise sur le gâteau de captivités parfois contestées. Et rappelons ici que plusieurs espèces d'oiseaux ont été sauvées par un élevage professionnel, d'autres auraient pu l'être et d'autres le seront.

 

 

 

 

 

 

Pour avoir une chance de réussite dans ce domaine (et c'est encore M. de La Palice qui me le souffle) il est nécessaire de bien connaître l'espèce pour ainsi pouvoir en créer une lignée stabilisée. L'éleveur devra donc faire un réel effort pour obtenir et appliquer le plus d'informations fiables concernant de nombreux facteurs caractérisants l'espèce (mœurs à l'état sauvage en général, période de reproduction, sociabilité, période de mue, régime alimentaire, situation et forme du nid,…en particulier). Puis essayer de glaner des renseignements auprès d'éleveurs sérieux ayant eu des expériences fructueuses ou non (pourquoi ?, comment?). Ensuite, ensuite seulement, avec un peu/beaucoup de chance, l'oiseau vous fera un "clin d'œil" en déposant ses œufs pleins de promesses.

Structures d'élevage

 

J'ai choisi une option ( sans trop y croire néanmoins !) pour l'élevage de mes agapornis : la colonie. Auparavant, en Europe, j'avais élevé des Fischeris, des Personatus et des Nigrigenys en colonies de 3 à 5 couples avec succès. Alors pourquoi pas avec canus ? Or tout ce qu'on peut lire ou entendre déconseille l'élevage en colonie des canus, au moins pendant la période de reproduction. Une question m'est alors venue : "A-t-on vraiment tenté la reproduction de cette espèce en colonie ?" Ainsi, pour pouvoir y donner une réponse réaliste (mais il n'y a pas de fumée sans feu...) j'ai décidé de loger une douzaine de couples dont 8 sont de "vrais" couples qui se sont choisis, dans une volière extérieure de 6 x 3 x 2 mètres avec abris ouverts. Elle est divisée en trois parties, chacune séparée par un mur de briques enduites et dotées d'une ouverture de la grandeur d'une porte. Au départ je pensais loger moins d'oiseaux soit 6 à 8 couples mais, au hasard de mes ballades, j'ai "dû" récupérer d'autres oiseaux auxquels les indigènes avaient coupé les rémiges et qui étaient donc voués à une mort certaine.

 

Je suis bien conscient que cela fait beaucoup de monde dans un espace réduit (3 m² par couple), si cela pose problème, alors je séparerai les couples (je dispose d'une autre volière de 4 x 3 x 2 mètres et pense en construire une troisième).

 

   

 

 

                                      

Ces volières sont réalisées avec les moyens du bord, murs en briques pleines et enduits, cadres en bois dur traité et peint 3 couches (attention aux termites ici !). Véritable parcours du combattant pour trouver du grillage autre que celui dit "à poule". Les perchoirs sont constitués

de branches de manguiers récupérées lors des élagages et plantées en terre. Les nichoirs horizontaux ou en "L"  sont fabriqués en pin et sont placés sous l'abri. Mettre des nichoirs hors abri aurait été risqué car les pluies tropicales peuvent être très violentes. La nourriture est distribuée dans des assiettes en inox, du paddy est également répandu sur le sol de la volière (terre d'origine avec du sable ajouté) car les canus se nourrissent souvent à terre en groupe.

 

Une fois les oiseaux bien installés, on en vient nécessairement au chapitre suivant :

Formation des couples

 

Le jeune mâle  canus présente une marque noire au sommet de la mandibule supérieure (un peu comme le Roseicollis).

 

 

 

Cette marque qui disparaîtra vers 4 mois environ est un bon repère pour déterminer l'âge des jeunes mâles. Cet âge ne correspond évidemment pas à la maturité sexuelle qui doit se situer vers 8 à 10 mois. Or j'ai pu observer de nombreux couples déjà formés (ils se nourrissaient) dont le mâle présentait cette marque noire. Cela signifie donc que ces oiseaux se choisissent très tôt, certainement peu de temps après la sortie du nid ou au moins lorsque l'indépendance vis-à-vis des parents est acquise. Cela signifie également qu'il y aura une forte probabilité pour que les oiseaux capturés dans la nature soient séparés de celle/celui choisi au préalable. De même pour les oiseaux élevés en captivités : l'éleveur ne pensera pas que des couples se sont déjà formés et vendra alors des oiseaux "dépareillés". Or il est bien admis qu'un bon résultat en reproduction est intimement lié à un couple bien uni.

 

Dans les volières de PETER PAN, tous les jeunes mâles avec la marque noire sur le bec (moins de 4 mois) étaient déjà en couple et apprenaient à marquer leur territoire. A environ 6 mois les oiseaux sont en mue (celle-ci n'est pas aussi discrète qu'on veut bien le dire concernant les psittacidés). Ils passent beaucoup de temps à se toiletter mutuellement, à se nourrir, à visiter les nichoirs, à défendre leur perchoir favori, mais toujours sans violence et surtout par des attitudes qui se veulent seulement intimidantes, beaucoup de bluff en fait… Quelques disputes dans les couples, des coups de bec qui ne touchent pas "l'adversaire" et soldées par des retrouvailles rapides.

Comportement du couple

 

Cette page vient compléter la précédente "Formation des couples".

 

Sans vouloir faire de l'anthropomorphisme, je peux affirmer que ces jeunes couples sont plus attentifs l'un envers l'autre que les plus vieux ! Mais passons, j'espère qu'il n'y aura pas polémique à ce sujet.

 

En général le mâle "surveille" toujours sa compagne, elle s'envole vers un autre perchoir, il la suit aussitôt et fait le ménage avec les autres mâles qui se seraient approchés d'un peu trop près de "madame". Tout ça toujours bien gentiment, le groupe semblant toujours passer avant l'individu chez Agapornis canus.

 

Le toilettage mutuel est une cérémonie qui se passe plusieurs fois par jour dans le couple. Il correspond le plus souvent à la période la plus chaude de la journée. Aucun des deux, mâle ou femelle, n'a de prérogative, c'est à tour de rôle de se faire la toilette. Ce "rite" semble très important pour souder la cohésion du couple, partant la réussite en reproduction.

 

Un comportement spécifique à tous les psittacidés est le "grattage" de la joue. Chez canus le mâle fera son spectacle, sa parade, devant sa femelle parfois attentive, souvent semblant être absente (du genre "j'ai ma migraine"). Un petit tour sur lui-même, un grattage, une sorte de révérence, une autre pirouette, tout ça entrecoupés de quelques prises de bec (amicales) rapides et nerveuses, monsieur semble bien excité et c'est très beau ! Pendant cette démonstration d'intérêt, une partie de la troupe est alentour, très intéressée. Le mâle donnant la représentation essaie bien, mais sans grande conviction, de gagner quelque intimité, ça se passe ainsi chez les canus.

 

Un comportement remarquable

 

Un comportement aussi remarquable qu'étonnant que j'ai pu observer plusieurs fois chez plusieurs jeunes couples : le mâle tourne autour de la femelle avec grattages et tout et tout, puis il se place tout à côté de sa femelle en la touchant de son flanc, jusque là rien de bien extraordinaire. Mais voilà qu'il "fait le berceau" comme la femelle en cas de vrai accouplement. Et la femelle monte alors sur son dos mais en redescend aussitôt de l'autre côté. Le manège se reproduit quelques fois puis les deux oiseaux s'envolent vers une autre activité. Il s'agit bien là d'une imitation d'un accouplement mais A L'ENVERS ! Quelle en est sa signification? Est - ce simplement une sollicitation du mâle ? Ou alors une sorte d'apprentissage : on fera ainsi (ou mieux !) plus tard. Qu'en pensez-vous ?

 

 


Période de reproduction à Madagascar

 

La lecture des ouvrages spécialisés ("Parrots of the Worl" de Forshaw ou "Guide des Oiseaux de Madagascar", Delachaux et Niestlé, par exemple) ne donnent que peu d'indications concernant la période de reproduction des Agapornis canus dans son milieu naturel. Il est dit que celle-ci a été constatée en novembre et décembre.

 

Plus de précisions pourront être obtenues en consultant la thèse suivante. Il s'agit là, à ma connaissance, de la seule étude malgache concernant l'Inséparable à Tête Grise.

 

Contribution à l'Etude biologique de la Perruche Agapornis Cana …

Par Razafimanjato Soloharilanto Dorothée Eva

 

Cette thèse n'est plus disponible.

 

Ce mémoire a le mérite de parler d'un oiseau de Madagascar, ce qui est rare. Mais les moyens limités de l'auteur (Madagascar est l'un des pays les plus pauvre du monde et un doctorat n'a pas le même poids ici que dans les pays "riches") ne permettent pas de donner les précisions attendues. Puis des erreurs, dues certainement à un manque de documentation, peuvent être constatées, telle que, par exemple, la durée de couvaison qui est fantaisiste. Mais les constations concernant les oiseaux quittant le nid, et donc la période de reproduction, peuvent être prises en compte. Il est ainsi constaté la présence de jeunes au mois d'août, ce qui concerne le plein hiver ici.

 

Mes constatations :

-        Des jeunes mâles avec la marque noire sont observés régulièrement fin août, début septembre. Nous sommes encore en hiver, saison sèche et pauvre en nourriture (plus de graminées) à part le paddy (riz non décortiqué).

-        Cette marque noire disparaîtra environ un mois plus tard, soit fin septembre, début octobre.

-        En remontant de 4 mois depuis fin septembre (période pendant laquelle la marque est visible) on peut déterminer ainsi la naissance des derniers jeunes. Ce sera donc fin mai, début juin.

-        Il est certains que canus se reproduit déjà en novembre ce qui donnera une période allant de novembre à fin mai, soit sept mois et non pas deux ou trois comme on pourrait le penser. 

-        La période de cinq mois (juin à octobre) de repos correspond à l'hivers austral et donc à une pénurie de nourriture.

 

Mais un autre calcul s'impose : les derniers jeunes oiseaux nés vers fin mai pourront-ils se reproduire dans leur première année d'existence ?

 

Sachant qu'il devront être âgés d'au moins neuf mois, leur période de reproduction pourra commencer vers fin février pour les derniers nés. Ce mois correspond au plein été austral et beaucoup de nourriture variée est alors à disposition (graminées et paddy).

 

En conclusion, il semblerait donc que A. canus se reproduise de novembre à fin mai de l'année suivante ? Les jeunes de l'année devront attendre plus longtemps (février de l'année suivant leur naissance) pour leur première reproduction. Pas de données concernant le nombre de couvées dans l'année en liberté.

 

 

 

   

 

 

 

Une femelle âgée de 30 jours. Il lui faudra encore de 12 à 15 jours pour quitter son nid.

 

 

 

A noter : le sexage est facile dès que les premières plumes de la tête apparaissent. Elles seront grises chez le jeune mâle (avec pratiquement la même intensité que chez le mâle adulte) comme le laisse deviner la très mauvaise photo ci-dessous, mais vertes chez la femelle.

 

                                                  

 

Mis à jour le 29 mair 2012

 



28/10/2011
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